Ma critique de « La Fonte des glaces » de Joël Baqué

En lisant la quatrième de couverture de « La Fonte des glaces », je me suis dit qu’il s’agissait sans doute d’un de ces OLNI (Objets Littéraires Non-Identifiés) que j’apprécie particulièrement… et je ne me suis pas trompé.

Ce roman est une biographie, la biographie de Louis. Nous passerons rapidement sur son enfance en Afrique où son père trouve la mort écrasé par un éléphant, sur son adolescence punk à Toulon et même sur sa vie de charcutier et d’homme marié (et heureux en mariage même si avec sa femme, Lise, ils n’ont pas pu avoir d’enfants) pour le retrouver retraité et veuf. C’est en effet à ce moment là que, contre toute attente, Louis va devenir une icône planétaire de l’écologie.

La vie de Louis bascule quand, hasard d’une brocante, il découvre un manchot empereur caché dans une armoire flamande. C’est le coup de cœur immédiat, et le début d’une aventure improbable qui va emporter Louis en Antarctique avec un inuit expatrié, puis dans le Grand Nord avec Alice, journaliste québécoise, et tout un équipage de chasseurs d’Iceberg, puis de nouveau à Toulon propulsé au cœur d’un mouvement contre le réchauffement climatique.

Ce roman est bien évidemment une fable où, tel l’iceberg, l’histoire n’est que la partie émergée du propos. C’est raconté avec beaucoup de drôlerie, mais aussi avec beaucoup de cynisme. Comment Louis, qui n’a rien d’un militant, peut-il devenir une icône du combat contre le changement climatique ? C’est que c’est à la fois une critique du pouvoir insidieux des réseaux sociaux, mais aussi de notre crédulité à tous qui nous rends capable d’ériger un homme terriblement banal en hérault d’un combat qu’il ne prétend pas mener, aidé en cela non par une association écologiste ou des militants du climat, mais par des circonstances improbables et par un ancien trader qui surfe sur la vague écolo pour vendre des boissons à base de glace polaire.

Alice serait abondamment interrogée sur Louis, sur sa personnalité, sur son sens de la communication. Elle ferait de son mieux pour ménager la légende sans verser dans la pure fiction, interprétant les fréquentes somnolences de Louis comme une capacité à s’abstraire de son environnement et ses dodelinements comme des exercices de concentration.

Bref, une histoire avec juste la bonne dose d’humour et de poésie, qui par le biais d’un héros d’une banalité ordinaire, arrive néanmoins à nous alerter sur les conséquences du changement climatique. Le vrai héros du roman, c’est le manchot empereur et le réchauffement climatique.