Comme beaucoup, j’ai été profondément touché par le 13 novembre 2015, l’attentat au Bataclan. Touché, meurtri… questionné aussi. Je me rappelle avoir d’abord été perdu, avoir perdu les mots. Et je me rappelle que, dans sa la lettre ouverte, Antoine Leiris avait su, lui qui fut bien plus que moi la victime de ce soir tragique, trouver les mots justes.
Quelques mois plus tard, il en a fait un roman racontant les premiers jours qui ont suivi le drame.
À noter que depuis, ce livre a inspiré aux Ogres de Barback une merveilleuse chanson **« Pas ma haine » qui me remue encore les entrailles à chaque fois que je l’écoute (si vous êtes curieux, vous la trouverez en bas de ce billet).
Quatre ans après
Quatre ans après, dans un nouveau roman « La vie, après », Antoine Leiris nous raconte la suite : le quotidien solo avec son fils Melvil, le deuil d’Hélène, la reconstruction.
Le deuil est une succession de transformations. On se débarrasse peu à peu de ses peaux, on change sans cesse. C’est ce que le temps fait d’ordinaire, chez tout le monde. Mais dans ce cas précis, ces changements viennent en accéléré.
Quatre ans plus tard, je peux dire : je ne suis plus le même homme. Melvil non plus. Il n’est plus un bébé, il est un petit bonhomme en pleine forme.
Durant ces années, il est passé du silence et du babillement, aux mots et au langage. Il a grandi si vite.
J’ai attendu de nous savoir solides pour reprendre la plume. J’ai alors tenté de consigner ces mues, cette écume du changement, depuis la perte de tous les repères jusqu’à cet instant où le ciel se dégage, presque d’un coup.
C’est là que vient la « vie après »
Quatre ans après, l’émotion est toujours là. J’ai dû prendre mon temps pour lire « La vie, après », j’ai fait plusieurs pauses, le trop-plein d’émotions me l’a imposé.
Avec toujours autant de subtilité et beaucoup de pudeur, il nous raconte sa tentative pour être un père parfait pour Melvil, un père qui saurait compenser la disparition d’Hélène. Avec un recul impressionnant, il raconte son acceptation de ne pas être ce père parfait, de l’impossibilité de l’être. Il raconte comment cette acceptation ne change rien à l’amour inconditionnel qu’il porte à son fils et, surtout, comment cette acceptation fait de lui, paradoxalement, un meilleur père pour Melvil.
Antoine est le père de Melvil, de veuf d’Hélène, mais Antoine est aussi un fils, un frère. Antoine est tout cela et plus encore. Il apprivoise le fantôme d’Hélène qui vient rejoindre les fantômes bienveillants de son père et de sa mère.
Vous l’aurez senti, vous l’aurez compris : j’ai encore une fois beaucoup aimé ce nouveau roman d’Antoine Leiris. J’ai une admiration sans borne pour lui et je lui souhaite le meilleur pour la vie… après.
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