Aahhh retrouver Houellebecq !!! :)
Bon, il explore depuis 20 ans la dépression donc ne vous attendez pas à autre chose : le narrateur (Florent-Claude, je vous demande un peu où il a été chercher son prénom !) est, comme de bien entendu, un mâle occidental blanc… et dépressif !
La sérotonine qui donne son nom au roman est l’hormone du bonheur
Florent (je l’appellerais juste Florent, c’est plus simple) est malheureux et prends donc un antidépresseur, le Captorix, qui ne le rends pas heureux, enfin pas vraiment, mais suffisamment pour le maintenir à flots. Seul problème : le Captorix a un (fâcheux) effet secondaire : la disparition de la libido… Se pose alors la question (au cœur du livre) : “Peut-on vivre dans désir ?”.
La vide Florent
On suit Florent de Paris en Normandie, on le suit et on l’écoute nous raconter sa vie, ses études (l’Agro, comme Houellebecq !), ses amours, sa carrière, ses désillusions, ses états d’âme parfois aussi… C’est particulièrement prenant (on veut savoir comment Florent-Claude va ne pas s’en sortir !). La langue de Houellebecq est toujours aussi riche, les registres sont des plus variés, du lyrique au grossier. C’est l’un de ses romans les plus drôles, il est toujours aussi provocant, souvent c’est parfaitement gratuit (mais c’est pour cela qu’on l’apprécie).
Houellebecq fait une nouvelle fois preuve d’un discernement certain vis à vis de notre société
Surtout, Michel Houellebecq fait une nouvelle fois preuve d’un discernement certain vis à vis de notre société. Après “Soumission” dont le thème était l’islamisme et qui était sorti le 7 janvier 2015 (vous vous rappelez ce qui s’est passé le 7 janvier ? Vous êtes encore Charlie, j’espère ?), Houellebecq nous dresse ici un portrait doux-amer de notre société, s’attaquant à l’ultralibéralisme, relatant l’impossibilité de faire (vraiment) changer les choses, s’en prenant à l’Union Européenne incapable, notamment, de protéger les agriculteurs et décrivant un ras-le bol ambiant proche de celui observé ces derniers temps chez les gilets jaunes…
Voilà comment une civilisation meurt, sans tracas, sans dangers ni sans drames et avec très peu de carnage, une civilisation meurt juste par lassitude, par dégoût d’elle-même, que pouvait ... proposer la social-démocratie évidemment rien, juste une perpétuation du manque, un appel à l’oubli.
Alors, ton avis critique ?
Plus qu’un bon roman, c’est un instantané de notre société. Irritant, certes, mais assez juste. Si vous n’aimez pas ce que vous lisez, c’est peut-être le monde autour de vous que vous devriez essayer de changer…
Retrouvez cette critique sur Sens Critique où vous pouvez aussi me retrouver !