Tu sais, ça ferait très plaisir à ta sœur si tu faisais un petit discours le jour de la cérémonie.
Quand son futur beau-frère lui demande de faire un discours pour le mariage de sa sœur, Adrien est effondré mais ne trouve rien d’autre à répondre que :
Oui, oui, bien sûr, avec plaisir.
Il faut dire qu’Adrien a d’autres problèmes en tête. Voici 36 jours que Sonia lui a annoncé vouloir faire une « pause »… et depuis, plus de nouvelles… et, ce soir, il a craqué, Adrien. Il lui a envoyé un SMS.
Coucou Sonia, j’espère que tu vas bien, bisous !
Il s’était pourtant promis de ne pas lui écrire… mais, un moment de faiblesse, et il a craqué. Il s’en veut ensuite. Surtout qu’elle l’a lu son message, et qu’elle n’a pas répondu. Alors, ça tourne dans sa tête, il imagine le pire, mais aussi il essaie de trouver tous les scénarios qui pourraient l’expliquer autrement que par le désintérêt de Sonia…
Et je réalise tout à coup l’incongruité de ma ponctuation : pourquoi un point d’exclamation à la fin de bisous ? Pourquoi cet emballement soudain ? Ce point d’exclamation délivre un message inverse à celui souhaité : ce point d’exclamation est une demande, une supplique, un cri de douleur, il mendie une réponse, il quémande de l’amour, c’est de la ponctuation de genou à terre, il hurle Sonia, bordel, qu’est ce que tu fous ! Réponds-moi ! Tu vois pas que je suis malade de chagrin, que je n’y arrive pas sans toi, que tout est vide et fade et sans le moindre sens. Il se veut festif et léger mais il n’est que larmoyant et inquiet.
« Le discours », c’est cette soirée qu’Adrien passe avec sa famille, c’est-à-dire avec ses parents, sa sœur et son beau-frère. La soirée est interminable, mais elle est aussi prévisible tant sa famille semble répéter le même repas encore et encore. Adrien ne veut vexer ou décevoir personne, ce n’est pas son genre (depuis tout petit il fait bonne figure quand sa sœur, tous les ans, lui offre des encyclopédies en étant persuadée que c’est sa passion alors qu’il n’en a strictement rien à faire). Oui mais, ce soir, entre son problème avec Sonia et cette histoire de discours… c’est compliqué.
Surtout qu’il les aime bien… mais qu’ils ne partagent pas tant de choses que ça. Adrien a 40 ans et continue de se cacher pour fumer. Sa mère voudrait le voir, ou au moins le savoir, heureux mais n’ose pas vraiment demander et il ne veux pas lui parler. Son père rabâche, sa sœur et lui n’ont que peu d’atomes crochus.
Pour ma mère, le monde se divise en trois catégories: ceux qui ont un cancer, ceux qui font construire et ceux qui n'ont pas d'actualité particulière.
Le roman raconte donc la soirée, telle qu’Adrien la vit : une pièce déjà mille fois jouée, mille interrogations sur sa relation avec Sonia et, surtout, sur ce SMS qu’il n’aurait jamais du écrire, mille projets de discours tous plus improbables les uns que les autres.
Un roman à la fois drôle et touchant, caustique et tendre. Un regard doux-amer sur nos relations, amoureuses comme familiales.
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