À mettre entre toutes les mains
“Une histoire de tout ou presque” explique de manière simple et vivante, avec moules anecdotes pertinentes et images marquantes :
- Le cosmos et ses mystères
- La matière jusqu’à ses briques les plus élémentaires
- La naissance de la Terre
- L’apparition de la vie et son développement
- etc.
Bref, de l’infiniment grand à l’infiniment petit, c’est l’aventure de la recherche de la connaissance depuis le XVIIe siècle que nous raconte Bill Bryson : astronomie, physique, chimie, paléontologie, biologie, géologie… tous les grands domaines scientifiques y sont évoqués.
Il a reçu le Prix Avensis du meilleur livre de vulgarisation scientifique en 2004 ainsi que le Prix Descartes de la communication scientifique (de la Communauté Européenne) et c’est amplement mérité.
Ceci dit, après tant d’éloges, une seule petite critique : l’auteur est américain et ça se ressent parfois. Il cite bien quelques scientifiques et grands penseurs français, allemands, suédois, etc. mais, sans doute à cause de ses sources anglo-saxonnes, il attribue un peu vite les mérites de découvertes scientifiques à des américains !
Un exemple tout simple
- il indique que l’australopithèque Lucy aurait été découverte par Donald Johanson.
- En France on entends souvent qu’elle l’a été par Yves Coppens… étrange, non ?
- En fait, l’équipe était internationale (plus de 30 nationalités) et co-dirigée par Donald Johansson, Maurice Taieb et Yves Coppens.
Quelques citations
Ce qui m’amène (vous allez voir pourquoi) non pas à ma conclusion mais à une série de citations que je n’ai particulièrement appréciées… tant et si bien que je n’ai pu m’empêcher de les noter et de vous en faire profiter :
Les découvertes scientifiques
Il existe trois phases dans une découverte scientifique : celle où les gens nient qu'elle soit vraie; celle où ils nient son importance; et enfin celle où ils l'attribuent à la mauvaise personne.
Pour vous donner une idée des échelles dont il est question en astronomie
Sur une carte à une échelle réduisant la Terre au diamètre d'un petit pois, Jupiter se trouverait encore à plus de 300 mètres de votre livre, et Pluton à 2 km (et de la taille d'une bactérie, de sorte qu'elle serait invisible de toute façon). À la même échelle, Proxima du Centaure, l'étoile la plus proche de nous, se trouverait à environ 15 000 km de là. Même en rétrécissant le tout jusqu'à ce que Jupiter soit aussi petite que le point qui termine cette phrase et Pluton pas plus grosse qu'une molécule, celle-ci se trouvent encore éloignée d'une dizaine de mètres.
Pour vous donner une idée des échelles dont il est question en physique
Les neutrons et les protons occupent le noyau de l'atome. Ce noyau est minuscule- un millionième d'un milliardième du volume total de l'atome-, mais il est fantastiquement dense, puisqu'il contient pratiquement toute la masse de l'atome. Comme l'a dit Crooper, si l'on agrandissait un atome à la dimension d'une cathédrale, son noyau ne serait pas plus gros qu'une mouche- mais une mouche des milliers de fois plus lourde que la cathédrale.
Pour vous donner une idée de l’insignifiance de notre présence sur Terre
Si l'on imagine les 4,5 milliards d'années de l'histoire de la Terre comprimés en une journée, la vie commence très tôt, vers 4 heures du matin \[...\] mais elle ne bouge plus pendans les seize heures suivants. Ce n'est pas avant 20h30, quand les 5/6 de la journée sont déjà consumés, que la Terre a quelque chose a montrer à l'Univers : un simple revêtement grouillant de microbes. \[...\] Grâce à une dizaine de minutes de douce témprature, à 22h24, la Terre est recouverte de grandes forêts carbonifères dont les résidus nous donnent notre charbon, et l'on distingue les premiers insectes ailés. Les dinosaures s'avancent lourdement sur la scène juste avant 23 heures, et ils la tiennent pendant environ trois quart d'heure. Ils la quittent à minuit moins vingt et une et le règne des mammifères commence. L'homme émerge une minute et dix-sept secondes avant minuit.
Pour vous donner une idée de ce que représente le nombre d’Avogadro
Il équivaut au nombre de grains de pop corn nécessaires pour enfouir les États-Unis sous une couche épaisse de 12 km.
Pour mieux comprendre pourquoi on a mis tant de temps, et eu tant de mal, à (un peu mieux) comprendre les propriétés chimiques des éléments
Les propriétés de ces éléments peuvent devenir plus curieuses encore quand ils sont combinés. L'oxygène et l'hydrogène, par exemple, sont deux des éléments les plus combustibles, mais assemblez-les et vous obtenez de l'eau, qui est incombustible. Plus curieuse encore, la combinaison du sodium, l'un des éléments les plus instables, et du chlore, l'un des plus toxiques. Faites tomber un peu de sodium pur dans de l'eau ordinaire et il explosera avec une force suffisante pour vous tuer. Le chlore est encore plus dangereux. S'il est utile à de faibles concentrations pour tuer les micro-organismes (c'est le chlore que l'on sent dans l'eau de Javel), en grands volumes, il est mortel. Le chlore était l'élément de choix des gaz asphyxiants de la Première Guerre mondiale- le gaz moutarde, notamment. Et comme en attestent les yeux rouges des nageurs, le corps de l'humain ne l'apprécie guère, même sous une forme extrêmement diluée. Mais assemblez ces deux dangers publics, et qu'obtenez-vous ? Du chlorure de sodium- le sel de table ordinaire.
Pour comprendre ce qu’est, réellement, la matière
Quand vous vous posez sur une chaise, vous n'êtes pas réellement assis, vous lévitez au-dessus à la hauteur d'un angström (un cent-millionnième de centimètre), vos électrons et les siens s'opposant formellement à toute tentative d'intimité plus rapprochée.
Pour prendre la mesure de la formidable machine à recycler qu’est l’Univers
Chacun de vos atomes est probablement passé par plusieurs étoiles et a fait partie de millions d'organismes avant d'arriver jusqu'à vous. Nous sommes si chargés atomiquement et si vigoureusement recyclés à notre mort qu'un nombre significatif de nos atomes -jusqu'à un milliard pour chacun d'entre nous, selon certains- a sans doute appartenu un jour à Shakespeare. Un autre milliard nous est venu respectivement de Bouddha , Gengis Khan et Beethoven , ou tout autre figure historique de votre choix. (Il faut , semble-t-il , des personnages assez éloignés dans l'Histoire, car les atomes mettent quelques décennies à se redistribuer; si fort que vous le désiriez,vous n'êtes pas encore recyclé en Elvis Presley).
Pour relativiser notre incompréhension des nouvelles théories physiques
Les théories physiques ont atteint un point tel, note Paul Davies dans Nature, qu'il est devenu impossible au profane de distinguer entre le légitimement bizarre et le complètement cinglé.
Pour prendre la mesure ce que fut l’éruption du Krakatau (un cataclysme, rien de moins)
La plus forte éruption des temps modernes fut celle de Krakatau en Indonésie en août 1883, dont l'ébranlement se répercuta autour de la Terre pendant neuf jours, soulevant de grosses vagues jusque dans la Manche. Mais si l'on réduisait le volume des matériaux éjectés par le Krakatau à la dimension d'une balle de golf, alors ce que peut projeter Yellowstone aurait la taille d'une sphère assez grosse pour vous dissimuler derrière. À cette échelle, les rejets du mont Saint Helens seraient de l'ordre du petit pois.
Enfin, pour conclure
(on en est plus vraiment là mais pas loin.. et pas depuis longtemps)
Résumons-nous: nous vivons dans un univers dont nous sommes incapables de calculer l'âge, constellé d'étoiles dont nous ignorons l'éloignement, rempli d'une matière que nous n'arrivons pas à identifier, opérant en conformité avec des lois physiques dont nous ne connaissons pas vraiment les propriétés.
Retrouvez cette critique sur Sens Critique où vous pouvez aussi me retrouver !